Collecte des matières résiduelles toutes les deux semaines : une idée à mettre à la poubelle selon les PME

Montréal, le 13 avril 2023 – Plusieurs municipalités évaluent la possibilité de réduire la collecte des matières résiduelles. À cet égard, la Ville de Montréal semble évaluer cette avenue de réduction des services aux citoyens et aux entreprises, comme le démontre la décision prise récemment par l’arrondissement Mercier–Hochelaga-Maisonneuve d’effectuer la collecte des matières résiduelles toutes les deux semaines d’ici 2024. Un nouveau rapport de sondage de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) montre que les PME tirent la sonnette d’alarme notamment quant aux conséquences d’une telle mesure sur leurs coûts d’exploitation, de même que sur les enjeux de salubrité des artères municipales. 

Le document de la FCEI dévoile les résultats d’un sondage exclusif sur le sujet. Les dirigeants de PME sont très clairs et envoient un message fort aux administrations municipales, dont Montréal.

  • 76 % des dirigeants de PME sont d’avis que réduire la fréquence de la collecte des déchets risque d’engendrer une augmentation des coûts pour les commerces souhaitant maintenir un service hebdomadaire;
  • 69 % des chefs d’entreprises estiment que la réduction de la fréquence de la collecte des déchets risque de créer un enjeu de salubrité;
  • 41 % des répondants pensent que la réduction de la fréquence de la collecte va augmenter l’utilisation du compost et du recyclage, comparativement à 49 % qui doutent que cela ait un effet positif;
  • 68 % des dirigeants de PME ne croient pas que la réduction de la fréquence de la collecte des déchets va réduire la quantité de déchets, seulement le quart (24 %) d’entre eux y voient un impact positif;
  • Enfin, 79 % des dirigeants de PME sont d’avis que réduire la fréquence de la collecte des déchets devrait s’accompagner d’une réduction des taxes municipales équivalentes au service réduit.

« Il faut appeler un chat un chat! C’est une proposition de réduction de 50 % d’un service municipal envers les citoyens et les petites entreprises. La collecte des déchets fait partie des mandats principaux des municipalités. J’invite les grandes municipalités, comme Montréal, à se concentrer sur la livraison de leurs mandats premiers et à faire attention à la réduction de services essentiels, comme le ramassage de déchets », commente Francis Bérubé, directeur des affaires provinciales à la FCEI.

Un enjeu de salubrité 
Il est important de souligner qu’une telle décision pourrait engendrer des problèmes de salubrité des artères commerciales. Des reportages médiatiques sur le projet pilote dans l’arrondissement Mercier–Hochelaga-Maisonneuve en faisaient d’ailleurs mention. Sans moyen de réduire leurs matières résiduelles ni de les entreposer, les usagers n’ont pas d’option. Par conséquent, nous risquons de trouver plus d’ordures sur les trottoirs ou dans les conteneurs à déchets des commerces pour lesquels ceux-ci déboursent des montants importants.

Nul besoin de rappeler qu’un environnement salubre, sain et accueillant favorise les affaires de nombreux commerces et restaurants, tout en renforçant l’attractivité de nos collectivités. La FCEI se demande si les municipalités et arrondissements qui envisagent de réduire la collecte des matières résiduelles ont évalué les répercussions sur le contrôle de la vermine, les odeurs et l’image que cela véhiculera durant notamment les périodes d’achalandage touristique. 

Des coûts pour les plus petites entreprises et plus de camions dans les rues
Fait notable qui ne doit pas rester dans l’angle mort des autorités municipales : la majorité des PME bénéficient de la collecte municipale. En effet, selon les données de RECYC-QUÉBEC, approximativement 58 % des commerces en font partie. Plusieurs secteurs sont concernés dont l’hébergement (73 %), les arts, spectacles et loisirs (71 %), les magasins de détail divers (67 %) et les dépanneurs (62 %). 

Les commerces qui seront alors dans l’impossibilité de réduire de 50 % leurs matières résiduelles devront vraisemblablement se tourner vers un service de collecte privé occasionnant des coûts supplémentaires. Dès lors, il faudra aussi s’attendre à une augmentation du nombre et de la fréquence « non coordonnés » des camions de collecte dans les rues, augmentant potentiellement le trafic routier et la congestion.

Une fiscalité déjà parmi les plus désavantageuses
Rappelons également que les municipalités offrent plusieurs services à leur population comme les bibliothèques, les parcs, l’offre culturelle, la gestion de l’eau, le ramasse de la neige, etc. Les entreprises n’utilisent pas plusieurs de ces services, bien qu’elles paient la majeure partie de la facture. En effet, les données du Groupe Altus révèlent que le ratio des taux de taxation commerciale/résidentielle des deux grandes villes de notre province, soit respectivement Montréal (4,21) et Québec (3,51), est le plus élevé des grandes villes du pays.

« Advenant un changement, il est plus que plausible qu’un nombre significatif de PME se voient exclues de la collecte municipale avec des effets majeurs pour ces propriétaires de petites entreprises, déjà fragilisées par la forte inflation, et qui verront leurs coûts encore une fois augmenter. Dans un contexte où la PME montréalaise paie déjà des taxes quatre fois plus élevées que le résidentiel, toute réduction de services aux entreprises devrait s’accompagner d’une réduction au moins équivalente à leurs taxes municipales », conclut Benjamin Rousse, analyste des politiques.

Pour consulter le rapport de sondage

Méthodologie
Les résultats présentés dans ce rapport de sondage ont été obtenus à partir du sondage Votre voix, mené en ligne auprès de 475 membres de la FCEI du Québec, entre le 8 et le 28 février 2023. À titre de comparaison, pour un échantillon probabiliste ayant un nombre égal de répondants, la marge d’erreur serait de plus ou moins 4,5 %, 19 fois sur 20.

Renseignements
Maud Larivière, attachée de presse, FCEI
Tél. : 514-861-3234 (poste 1808) | Cell. : 514-817-0228
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À propos de la FCEI 
La FCEI (Fédération canadienne de l’entreprise indépendante) est le plus grand regroupement de PME au pays, comptant 97 000 membres dans tous les secteurs d’activité et toutes les régions. Elle vise à augmenter les chances de succès des PME en défendant leurs intérêts auprès des gouvernements, en leur fournissant des ressources personnalisées et en leur offrant des économies exclusives. Visitez fcei.ca pour en savoir plus