Les PME s’attendaient à plus du Budget 2022-2023 : plusieurs enjeux ne sont toujours pas réglés, selon la FCEI

Montréal, le 22 mars 2022 – La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) s’attendait à plus pour les petites et moyennes entreprises (PME) dans ce 4e budget Girard. Il y a certaines mesures intéressantes, mais le gouvernement du Québec ne répond pas aux enjeux majeurs qui freinent les PME que sont la crise de la pénurie de main-d’œuvre, le fardeau fiscal des petites entreprises, le plus lourd du Canada, et l’augmentation des coûts qui frappe les entreprises.  

« Le ministre des Finances n’a pas mentionné le mot PME lors de son discours du budget et on le retrouve seulement à deux reprises dans son plan budgétaire de 470 pages… Pourtant, si l’économie québécoise a une bonne performance, c’est grâce aux petites entreprises qui génèrent les deux tiers des emplois du secteur privé. Si l’on veut poursuivre la croissance économique à court, moyen et long terme, il est urgent de répondre aux enjeux des PME, ce que ce budget ne fait pas. Espérons que le mot PME sera prononcé plus souvent lors de la campagne électorale qu’aujourd’hui, » commente François Vincent, vice-président pour le Québec de la FCEI.

Pénurie de main-d’œuvre : les PME s’attendaient à plus
Le Québec est la province qui vit le plus les impacts de la crise de la pénurie de la main-d’œuvre. Les chiffres sont inquiétants et auraient dû alarmer le gouvernement. Selon les données de la FCEI, en date du 21 mars :

  • 65 % des propriétaires de PME doivent travailler plus d’heures (comparativement à 59 % en janvier);
  • 39 % des PME ont dû refuser des ventes et des contrats (comparativement à 37 % en janvier).

« La crise de la pénurie de main-d’œuvre empire au Québec. Bien entendu, le budget 2022-2023 comprend certaines mesures pour y répondre, mais on ne fait qu’effleurer l’enjeu. Les demandes des dirigeants de PME étaient pourtant claires : baisser les taxes et impôts (57 %) et améliorer les crédits d’impôt pour les aider à attirer des travailleurs (49 %). Aujourd’hui, le gouvernement du Québec manque à l’appel en n’offrant pas de diminution du fardeau fiscal et en bloquant toujours des dizaines de milliers de très petites entreprises des secteurs des services et de la construction de crédits d’impôt servant à faire face à la pénurie de main-d’œuvre », ajoute M. Vincent. 

La FCEI souligne les investissements de 135,2 M$ en éducation d’ici 2026-2027 pour moderniser les programmes et assurer un plus grand bassin de main-d’œuvre en formation professionnelle. Par contre, elle précise que ce n’est pas dans 4 ans que les entrepreneurs recherchent des employés, mais bien maintenant. 

Elle est encouragée par l’offensive gouvernementale pour mieux accompagner les immigrants, notamment les 290 M$ pour renforcer leur intégration en emploi, les 198 M$ pour accroître l’appui offert pour l’apprentissage du français et les 80 M$ pour favoriser leur attraction en région. La FCEI ajoute qu’il est temps d’augmenter les seuils d’immigration pour répondre aux besoins criants des employeurs. La FCEI note également l’enveloppe de 155 M$ pour le crédit d’impôt à l’investissement et à l’innovation (C3i) qui aidera plus de 10 000 entreprises d’ici 2026-2027 à acquérir de nouvelles technologies permettant la numérisation de leurs processus ainsi que la modernisation de leurs équipements. Elle souligne aussi les 60 M$ pour poursuivre l’accompagnement des entrepreneurs dans le virage numérique par l’Offensive de transformation numérique. La FCEI est d’avis que l’automatisation représente une des clés pour les aider à relever le défi de la pénurie de la main-d’œuvre. 
 
Un rendez-vous manqué avec l’équité fiscale des PME : la seule province canadienne qui surtaxe de 259 % l’impôt de ses plus petites entreprises
Le ministre des Finances avait l’occasion de mettre un terme à l'injustice fiscale en éliminant la notion des heures rémunérées pour que les PME des services et de la construction puissent avoir accès à la déduction pour petite entreprise et aux crédits d’impôt d’aide à l’embauche de travailleurs éloignés du marché du travail. C’était une demande portée par une trentaine de groupes économiques et appuyée par la forte majorité de la population (72 %). 

« Cette injustice fiscale qui surtaxe 38 000 de nos plus petites entreprises est unique au Canada et nous devrions avoir honte qu’elle soit toujours en place aujourd’hui. Comment aider ces petites entreprises qui ne trouvent pas d’employés à tirer leur épingle du jeu dans le contexte de pénurie de main-d’œuvre ? Comment stimuler la création de nouvelles entreprises dans ces secteurs avec une telle barrière à l’entrée ? Comment légitimer que des entreprises puissent voir leur impôt exploser en raison de la diminution des heures rémunérées à cause des restrictions économiques imposées par le gouvernement ? Malheureusement, ce sont des questions qui sont toujours actuelles parce que le ministre des Finances, Eric Girard, et le premier ministre, François Legault, n’ont pas réglé le dossier », s’indigne François Vincent, vice-président à la FCEI.

Inflation : des mesures pour les citoyens, mais rien pour les PME 
La situation d’augmentation des coûts est enjeu majeur pour les PME. En effet, l’augmentation des prix (carburant, produits alimentaires, assurances, autres intrants d’entreprise, etc.) est citée par 74 % des PME québécoises comme étant leur plus grand défi en 2022, suivi de la pénurie de main-d’œuvre (67 %). 

D’ailleurs, la FCEI a publié une note de recherche la semaine passée qui démontre que 85 % des PME étaient victimes d’une hausse de coût, dont 60 % mentionnent que celle-ci a des répercussions significatives sur leur entreprise. Pour les aider à affronter ce défi, 82 % des PME réclament une réduction des taxes sur la masse salariale et 83 % demandent un gel des coûts relatifs à l’administration gouvernementale (permis, licence, registres, etc.). Enfin, près de 9 PME sur 10 (87 %) jugent que la soumission annuelle d’Hydro-Québec au processus de la Régie de l’énergie est la meilleure mesure pour réduire l’impact de l’inflation sur leur entreprise. 

« Le ministre des Finances a dit que l’inflation touche tout le monde. C’est vrai et ça touche aussi les PME. Ce budget ne diminue pas le fardeau fiscal des entreprises et il ne répond pas à l’appel de la FCEI sur les tarifs d’électricité qui augmenteront de 2,6 % le 1er avril prochain et de plus de 5 % en avril 2023. Pourtant, les PME sont encore extrêmement fragilisées par la pandémie. L’endettement moyen dépasse les 100 000 $ par PME et seulement 43 % d’entre elles ont retrouvé des revenus normaux. Le gouvernement du Québec devra rapidement aider les PME défavorisées par l’augmentation des coûts, car il ne le fait pas dans ce budget », conclut François Vincent. 

Certaines mesures intéressantes à souligner
La FCEI tient à souligner le fait que le gouvernement du Québec annonce qu’il continuera à soutenir les entreprises touchées par la pandémie tant que la situation l’exige, notamment par l’entremise du Programme d’action concertée temporaire pour les entreprises (PACTE) et du Programme aide d’urgence aux petites et moyennes entreprises (PAUPME). La FCEI poursuivra ses demandes pour les améliorer, notamment sur la période offerte pour le remboursement des prêts.

L’organisme représentant les PME salue les investissements pour accroître la productivité de l’économie québécoise, les sommes prévues pour la nouvelle Stratégie québécoise de la recherche et de l’innovation, ainsi que les investissements pour contribuer à la prospérité des régions.

La FCEI est heureuse de l'annonce du projet VISION de Revenu Québec qui vise à transformer la prestation de services de Revenu Québec aux particuliers et aux entreprises en instaurant un modèle d’administration fiscale simplifié, numérique et plus efficient. Voilà une belle orientation pour réduire la paperasserie qui est très lourde et qui freine les petites entreprises. 

Enfin, la FCEI souligne les sommes de 57,5 M$ prévus sur trois ans pour la mise en place du futur plan en entrepreneuriat visant à bien outiller les entrepreneurs. Elle suivra avec attention le dépôt détaillé de ce plan.

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Renseignements :
Aïsha Laperrière, Coordonnatrice aux affaires législatives, FCEI
Tél. : 438 220-3577
aisha.laperriere@fcei.ca

À propos de la FCEI 
La FCEI (Fédération canadienne de l’entreprise indépendante) est le plus grand regroupement de PME au pays, comptant 95 000 membres dans tous les secteurs d’activité et toutes les régions. Elle vise à augmenter les chances de succès des PME en défendant leurs intérêts auprès des gouvernements, en leur fournissant des ressources personnalisées et en leur offrant des économies exclusives. Visitez fcei.ca pour en savoir plus.